Les lundis littéraires
Chaque premier lundi du mois, l’Espace vous fait découvrir une partie du patrimoine littéraire légué par Félix Leclerc.
Pour le mois de juillet, l’Espace vous présente Dialogues d’hommes et de bêtes.
Paru en 1949, ce recueil regroupe treize contes unis par un thème important : la nature. Qu’elle soit humaine, animale ou végétale, elle se retrouve au cœur des textes comme elle était au cœur des préoccupations de Félix.
En effet, la nature est toujours décrite abondamment, l’auteur utilisant toutes les nuances de cette nature pour brosser maints portraits de la société. De même, on retrouve souvent une faune et une flore anthropomorphes, Félix accordant la même valeur à tous les êtres vivants. L’attribution de caractéristiques humaines aux plantes et aux animaux crée une ressemblance entre ces contes et les fables de La Fontaine, malgré que les uns soient en prose et les autres, en vers. De plus, si Félix semble avoir été inspiré par les histoires des auteurs classiques, il en ressort toujours des contes originaux et adaptés au territoire québécois. D’ailleurs, s’ils paraissent être destinés aux enfants, ces contes conviennent peut-être mieux aux adultes ayant conservé leur cœur d’enfant, certains passages étant peut-être trop crus, trop réalistes pour les tout-petits.
En ce qui concerne le style d’écriture, il saura charmer les amoureux des mots toutes générations confondues et encore davantage ceux qui apprécient les textes hybridés, c’est-à-dire les textes qui mélangent les genres littéraires. Bien que les descriptions soient en prose, elles renferment une part importante de poésie, Félix saisissant chacune de ces occasions pour créer des images aussi vibrantes que touchantes. L’auteur étant aussi dramaturge, lorsque vient le temps des dialogues entre les personnages, on découvre une mise en page qui évoque celle des pièces de théâtre, les noms apparaissant systématiquement avant chaque réplique. Ce qui ressort encore davantage de ces contes, c’est leur teneur philosophique. S’ils ne font qu’une dizaine de pages, les textes regorgent toutefois de matière à réflexion, chaque ligne invite à la contemplation.
En bref, les amateurs de contes et de littérature québécoise seront conquis par ce charmant recueil au style élaboré. Si vous n’êtes pas convaincus, en voici un extrait :
« Des gens disent : j’aime la terre. Des écrivains disent : j’aime la terre. Des savants disent : j’aime donc la terre. Mais s’ils savaient comme la terre se foute d’eux autres des fois… C’est une affaire à deux. D’aimer, c’est correct. Mais d’être aimé, c’est pas bête, non plus. » (La nichée)
Bonne lecture!
– Laurence Richard, agente aux communications et à la programmation –